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Culture & Patrimoine
John Imiza
17 Nov 2025
Le nom de Jacques Majorelle est indissociable de Marrakech.
Ce peintre visionnaire français, amoureux du Maroc, a créé bien plus qu’un jardin : un chef-d’œuvre vivant, un dialogue entre la couleur, la lumière et la nature.
Son héritage dépasse la peinture — il a offert au monde une œuvre d’art végétale, devenue symbole de paix, d’inspiration et d’éternité.
Jacques Majorelle naît en 1886 à Nancy, au cœur du mouvement Art nouveau.
Fils du célèbre ébéniste Louis Majorelle, il grandit dans un univers où l’art et la nature se répondent.
Très tôt, il se passionne pour la couleur et le dessin.
Après des études à l’École des Beaux-Arts de Nancy puis à Paris, il part en Égypte en 1910 — un voyage initiatique qui changera son destin.
L’Orient, ses lumières et ses mystères éveillent en lui un besoin de création différent : peindre la vie à travers la lumière.
En 1917, Majorelle découvre Marrakech, la ville rouge.
C’est le choc : la lumière du désert, les couleurs vives, les visages et les ombres l’envoûtent.
Il s’y installe définitivement en 1923 et achète un terrain à l’extérieur de la médina, dans le quartier de Guéliz.
Là, il construit sa maison, la Villa Bou Saf Saf, et entreprend la création d’un jardin d’artiste, une œuvre vivante qui mêle botanique, architecture et spiritualité.
Pendant près de 40 ans, Jacques Majorelle consacre sa vie à transformer ce lieu en un jardin d’exception.
Il y plante des centaines d’espèces ramenées des cinq continents : cactus, bambous, palmiers, bougainvilliers, nénuphars, plantes exotiques…
Mais c’est la couleur qui donne son âme au lieu.
Majorelle crée un bleu intense, profond et vibrant — un bleu entre le cobalt et l’outremer — qu’il applique sur les murs, les fontaines et les pergolas.
Ce bleu Majorelle deviendra sa signature, un symbole de pureté, d’énergie et de contemplation.
« Ce bleu est celui que je ressens dans mon âme quand je peins la lumière du Maroc. »
— Jacques Majorelle
Pour Majorelle, le jardin n’était pas un simple décor : c’était un atelier à ciel ouvert.
Il peignait chaque jour dans ce sanctuaire végétal, observant les reflets de la lumière sur les feuilles, le mouvement de l’eau, les ombres des palmiers.
Son œuvre picturale, riche en scènes marocaines et en portraits orientaux, témoigne d’un profond respect pour la culture et la beauté du peuple marocain.
Le Jardin Majorelle devient ainsi le prolongement naturel de sa peinture : un poème vivant où la couleur et la vie fusionnent.
Victime d’un accident de voiture, Jacques Majorelle quitte le Maroc dans les années 1950.
Le jardin tombe alors dans l’oubli et la végétation s’étiole.
Mais en 1980, deux amoureux de Marrakech, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, rachètent le domaine.
Ils restaurent le jardin dans le respect de la vision du peintre, préservant l’intensité du bleu Majorelle et la poésie du lieu.
Grâce à eux, l’héritage de Jacques Majorelle renaît et continue aujourd’hui de rayonner dans le monde entier.
Jacques Majorelle meurt à Paris en 1962, mais son œuvre reste éternelle.
Son jardin attire aujourd’hui plus de 800 000 visiteurs par an, venus du monde entier admirer ce lieu d’harmonie.
Au-delà du bleu et des plantes, le Jardin Majorelle incarne la vision d’un homme qui croyait à la beauté comme langage universel.
Son art nous invite encore à contempler, à ressentir, à ralentir.
Le Jardin Majorelle n’est pas seulement un lieu : c’est une fréquence, un état d’âme.
Jacques Majorelle n’était pas qu’un peintre, mais un créateur de mondes.
Son jardin est une œuvre d’amour — entre l’homme et la lumière, entre la couleur et la vie.
Aujourd’hui encore, le bleu Majorelle continue de relier les cœurs et d’inspirer les âmes à travers le temps.
Son héritage demeure un symbole d’harmonie, d’art et de conscience universelle.
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